La violence envers les femmes et les filles est une des violences les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices des violations des droits de la personne. Dans le monde d’aujourd’hui, la violence envers les femmes et les filles demeure largement inconnue par suite de l’impunité, du silence, du stigmatisme qui l’entoure mais aussi par suite du manque de volonté politique des gouvernements à mettre en œuvre des politiques pertinentes pour aider les victimes.
Tous les ans, Le 25 novembre nous commémorons la journée internationale pour l’Elimination des Violences Faites aux Femmes, sur la base la résolution 54/134 de L’Assemblée Générale qui invite les gouvernements, les organisations internationales ainsi que les ONGs à se réunir et organiser des activités susceptibles de faire prendre conscience de ce problème aux gens, et ce, chaque année à cette même date.
Il me semble que faire prendre conscience pendant une journée n’est pas suffisant. Il nous faut trouver d’autres moyens pour commémorer la Journée Internationale.
La Directrice Exécutive d’ ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, dans son discours officiel de commémoration de ce jour, à New York, cette année, a appelé à transformer cette lutte pour en finir avec l impunité, en un mouvement global pour la responsabilité. Voilà une excellente approche à ce problème de la violence envers les femmes.
Depuis deux ans, l’AIF, a publié des déclarations sur la responsabilité des gouvernements pour des problèmes concernant l’égalité des sexes et les droits humains des femmes. La dernière déclaration de l’AIF en 2018 est encore plus importante car elle fait référence à la société civile, notamment aux organisations féminines et aux groupes féministes, et à l’espace qui leur est réservé et qui rétrécit constamment, leur créant d’énormes difficultés pour travailler.
La raison pour laquelle cela se produit c’est que les OSC sont des acteurs clés en ce qu’ils demandent aux gouvernements de pourvoir au rôle qui leur a été confié, celui d’ assurer la plénitude des droits de la personne.
Aussi, sans une société civile forte, il est impossible d’aller vers ce que la Directrice Exécutive d’ONU-Femmes appelle à faire.
Il nous faut nous mobiliser pour œuvrer contre la régulation à outrance envers les organisations de la société civile qui met en place des taxes, des restrictions aux fonds alloués, aux enregistrements de membres et par-delà à leur fonctionnement.
Comme la Secrétaire Exécutive le dit il nous faut transformer les décades d’ardentes luttes pour en finir avec l’impunité, en une fraternité tangible bien plus forte, qui annonce aux auteurs de violence que c’en est fini.
Plus important encore, est de construire des partenariats et de changer la culture de notre société qui rend ces violations possibles et les tolère.
L’indépendance des OSC est un prérequis pour une responsabilité effective des gouvernements et pour construire une culture des droits humains et de l’égalité des sexes.
Il nous faut nous mobiliser pour assurer que les gouvernements en finissent avec l’utilisation de politiques symboliques et de pratiques à impact limité en lieu et place d’une politique véritable et d’engagements économiques nécessaires afin d’effacer les barrières structurelles et éliminer la violence envers les femmes et plus généralement apporter la réalisation des droits humains des femmes et des filles
On peut montrer aux gouvernements leur manque de politiques efficaces et de responsabilité en collectant des données qui soient comparables au niveau international. Pour cela je me dois de réitérer l’appel de la Rapporteure Spéciale sur la Violence envers les Femmes qui milite pour l’adoption, à l’international, de surveillance des féminicides, ou des observatoires des meurtres en lien avec le genre, de façon à collecter, analyser et revoir les données au niveau national, régional et mondial.
Ces données concernant les meurtres en lien avec le genre permettront d’identifier les failles de protection, de booster les mesures préventives ainsi que de s’attaquer à l’impunité des auteurs de violence.
Le but est d’aller vers la collection de données mondiales comparables sur le feminicide et vers le développement de modalités de collection de données et d’analyse. De telles données pourraient donner lieu à des taux de feminicides, qui permettent aux états d’évaluer avec objectivité où ils en sont au niveau régional et mondial, de rétablir la balance et d’adopter les actions nécessaires afin de prévenir les nombreux décès évitables.