L’Alliance Internationale des Femmes se réjouit de l’opportunité de pouvoir s’exprimer sur l’avant – projet de document final proposé pour l’Agenda Post 2015.
Afin que l’Agenda du Développement Post 2015 soit transformatif, il doit être basé sur les Droits Humains et s’assurer que ses objectifs et ses cibles sont étayés par les principes d’équité et de non discrimination.
Pourtant l’Agenda Post-2015 n’apporte pas les conditions structurelles au respect, à la protection et à la réalisation des Droits Humains des femmes. Il n’y parvient pas, car les règles économiques et financières, le système économique néolibéral et la concentration des richesses ainsi que les relations inégales au pouvoir, y sont traitées de façon inadéquate.
Par exemple, il est porté peu d’attention aux barrières structurelles des droits économiques des femmes, à leur accès à la propriété et à leur contrôle des ressources économiques i.e. à la distribution inégale du travail des aidants non rétribués ou à la discrimination hommes/femmes, constante sur le marché du travail, (par la ségrégation verticale et horizontale et la surreprésentation des femmes dans des emplois précaires et sous-payés.)
Dans certains coins du monde, la participation croissante des femmes au travail ne s’est pas traduite par un travail plus décent, par un salaire plus équitable, par des conditions de travail plus sûres et des bénéfices adéquats. Les migrantes font toujours face à de multiples formes de discrimination lorsqu’elles vont chercher des opportunités hors de leur contrée d’origine.
Les femmes subventionnent encore toute l’économie en accomplissant la plus grosse partie du travail domestique non salarié et des soins, du fait de la division du travail par genre. La charge de ces tâches est le principal obstacle au plein exercice des droits des femmes, car elle leur prend un temps excessif ainsi que toute leur énergie. Les travaux domestiques et de soins non rémunérés qui découlent des rôles genrés discriminatoires devraient être reconnus et valorisés.
De plus, les coûts et les charges doivent être réduits et mieux répartis entre l’état, la communauté et la famille, et dans la famille entre les partenaires, femmes, hommes ou autre identité de genre. Les aidants ne devraient pas avoir à sacrifier leurs droits, leurs revenus, leurs choix de vie ni leurs opportunités.
Le langage des objectifs et cibles 5.4, 5.a et 8.5, 8.8 couvre bien des aspects auxquels nous avons fait référence ci-dessus. Pourtant il va falloir que les gouvernements passent de l’engagement à l’accomplissement. Aussi nous plaidons pour un changement transformationnel féministe au lieu des affaires comme d’habitude.
Enfin nous réaffirmons notre position : demander un Agenda du Développement qui propose de réaliser l’égalité hommes/ femmes et les Droits Humains des Femmes.
Joanna Manganara, présidente de l’Alliance Internationale des Femmes