Harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur en France
Est-ce comme on le dit parfois un phénomène largement méconnu ou ne serait ce pas plutôt un phénomène largement et délibérément occulté car depuis longtemps des témoignages d’étudiantes victimes de ce type de harcèlement existent mais elles sont passées sous silence par les autorités sous prétexte que le parole de la victime n’est pas plus crédible que celle du harceleur
Le monde universitaire est aussi un champ de violences y inclus les violences sexistes. Les étudiants et surtout les étudiantes (voire le personnel) y sont victimes de violences favorisées par le pouvoir et la hiérarchie .Les rapports entre directeurs de thèses et étudiantes en particulier favorisent des rapprochements menant à des abus d’autorité , des pressions consistant en harcèlement sexuel sur personne vulnérable . Le directeur de thèse peut user de son influence pour ne pas accepter la thèse, ne pas aider à l’obtention d’une bourse ,ou d’heures d’enseignement pour la thésarde
Dès 2002 et 2003 des Universités se sont penchées sur ce problème grâce à CLASHES ( Collectif de Lutte Antisexiste contre le harcèlement sexuel) et aux interventions de Catherine Magueresse de l’AVFT qui a fait des interventions comme par exemple à Toulouse le Mirail et à l’Université Charles de Gaulle de Lille III.
Le syndicat Sud Etudiant aussi a dénoncé très tôt ce phénomène et lutte vaillament pour la protection des droits des étudiants
Ce n’est qu’en 2008 que Lille III a créé une cellule de veille et d’information sur le harcèlement sexuel (CVIHES) pour dénoncer ouvertement le problème .Cette structure fait partie de l’Université et est présentée dans tous les cursus. Elle est la seule structure de ce type existant en France et on peut s’interroger sur les raisons du retard des autres universités en cette domaine
En 2013 ,les responsables de cette cellule disent qu’il faut beaucoup de courage pour déposer une plainte e en raison de l’isolation des victimes, et des fortes pressions exercées sur elles car c’est la parole de l’étudiante contre celle du professeur . Lorsqu’il s’agit de mandarins celle-ci doit témoigner en sachant qu’elle met en péril son destin universitaire en risquant de ne pas être entendue car l’institution , pour son image veut ignorer le scandale. Le nombre de plaintes est donc encore réduit comparé au nombre de délits car il y a un filtre ce qui n’existe pas dans les plaintes contre le harcèlement sexuel dans la situation professionnelle .Vincent Berger ex directeur de Paris Diderot , actuellement conseiller Enseignement supérieur de François Hollande reconnait que le harcèlement sexuel à l’Université est un délit méconnu et pourrions nous ajouter jamais puni .En effet les mesures disciplinaires manquent face à ces abus d’autorité qui devraient être jugées par des pairs.Il existe des instances disciplinaires mais elles sont peu enclines à sanctionner leurs pairs professeurs .C’est pourquoi il serait nécessaire de « dépayser « les instances disciplinaires enfaisant juger les coupables par l’instances disciplinaire d’une autre unviversité que celle de l’université à laquelle il appartient
Face à ces initiatives peu nombreuses on note cependant que récemment les pouvoirs publics ont été vigoureusement interpellés sur le sujet. Catherine COUTELLE Députée de la Vienne,Présidente de a délégation aux Droits des Femmes de l’Assemblée nationale et Sébastien DENEJA Député de l’Hérault ont présenté des amendements pour amender la récente loi FIORASO( 2013) sur l’enseignement supérieur. Françoise Laborde sénatrice de Haute Garonne a présenté au Sénat un rapport demandant une enquête soit lancée pour évaluer l’étendue du phénomène .On doit noter qu’une nouvelle enquête Violences et Rapport de Genre( VIRAGE ) a été lancée par le Ministère de la Femme mais l’Enseignement supérieur en est exclu. Cependant dans le cadre de la loi Egalité un amendement a été présenté pour que les enseignants coupables de harcèlement sexuel soient jugés par un cellule disciplinaire appartenant à un autre établissement que le sien
Nous devons saluer cette mobilisation des parlementaires pour renforcer l’égalité
En France l’Enseignement Supérieur est également donné dans un réseau de Grandes Ecoles où le phénomène de harcèlement sexuel est toujours présen surtout dans les écoles où traditionellement le recrutement était masculin (Ecoles d’ingénieurs, Ecoles militaires , Ecoles Navales) Le « bizutage « des nouveaux étudiants par les plus agés , souvent avec de graves abus sexuels ,a été interdit par une loi de .Qu’importe, maintenant des « week ends dits d’intégration « avec des pratiques brutales ont pris la suite .Le milieu des grandes Ecoles étant plus clos ,le silence est imposé sous peine d’exclusion sociale
Il serait nécessaire d’assainir cette situation et de s’assurer
Que plus de publicité sur le harcèlement sexuel soit faite de façon dans les universités. Il faudrait que le Ministère de l’Enseignement supérieur recnnaisse qu’il a la responsabilité de donner des directives pour la protection des victimes et des sanctions contre les harceleurs
Que le Ministère de l’Enseignement Supérieur soutienne les universités pour créer des cellules de veille comme celle de l’Université de Lille III. et que pour les établir et leur assurer un statut disciplinaire les moyens et les cadres nécessaires soient prévus
Que les victimes ne soient plus isolées , qu’elles puissent être libérées des pressions qui s’excercent pour les obliger au silence .Souvent elles désirent avant tout que le harcèlement cesse , que les harceleurs cessent d’utiliser leur pouvoir et leurs connections pour pénaliser celles qui refusent leurs avances .Permettre leur parole , écouter leur témoignage
Le phénomène ayant été occulté pendant si longtemps on doit s’attacher aussi à l’origine des résistances et des freins culturels et institutionnels qui leur ont permis de perdurer.
Renée Gérard IAW France