Des hommes qui harcèlent les femmes dans les rues, dans les cafés, dans les trains, dans les bus, au travail et à l’école. Voilà ce qui arrive tous les jours au Danemark , aussi depuis plus d’un an, des femmes partagent leurs expériences sur le site Web de Everyday Sexism Project (Projet Sexisme Journalier.)
La branche danoise de Everyday Sexism Project a été créée en août 2013 par Danish Women’s Society et la journaliste Irène Manteufel. Jusqu’à aujourd’hui, elle a récolté environ 700 récits sur son site et plusieurs milliers sur son groupe très fermé de Facebook. Il semble clair, que le Danemark, soit disant neutre en ce qui concerne le genre, est en train de faire face aux mêmes problèmes que la Grande-Bretagne où le projet avait été créé en 2012.Les femmes y sont victimes d’attentats à la pudeur, de harcèlement, et traitées de façon odieuse et dégradante, simplement en raison de leur sexe.
Les expériences partagées via ESPD tournent de façon typique, autour du harcèlement dans l’espace public, harcèlement qui est souvent physique et/ou d’intimidation. La variété des contributions va, cependant, de l’observation de stéréotypes de genre en éducation, de vie journalière dans les jardins d’enfants et à l’école, à divers exemples d’injures domestiques ou de viols. Les récits de centres pour victimes de viols montrent que de moins en moins de victimes se plaignent de peur de ne pas être prises au sérieux par la police, parce que celle-ci va souvent leur poser des questions telles que “Comment étiez vous habillée?” “Etiez-vous en train de boire?” et “étiez-vous prêts à faire l’amour?”
Les récits collectés par le ESPD sont à l’image de ce qui a été découvert plus tôt, cette année, par l’Agence des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne, qui a rapporté que sur 28 États membres de l’Union Européenne, les danoises sont celles qui sont confrontés aux plus grandes formes de violence et de harcèlement. Et, selon ce rapport 52 % des danoises ont eu à subir de la violence physique ou sexuelle par un partenaire passé ou présent. La moyenne de l’Union Européenne est de 33 %.
Le rapport a aussi révélé qu’au Danemark de moins en moins de femmes portent plainte suite à la violence pendant une relation intime. Le pourcentage de femmes danoises qui ont rapporté à la police les incidents de violence les plus graves, correspond à la moitié de la moyenne de celle de l’Union Européenne.
Ceci est très perceptible dans l’un des thèmes les plus frappants et les plus abordés dans les contributions au Everyday Sexism Project, notamment par le groupe Facebook: Un grand nombre des contributrices dans leurs récits au ESPD expriment des sentiments de honte parce qu’elles relatent leurs expériences et beaucoup de femmes ajoutent que c’est la première fois qu’elles partagent leurs expériences avec quiconque. Plusieurs contributrices ont listé la plupart des faits de harcèlement les plus durs qu’elles aient subi, certains datant même de leur prime enfance. Elles ajoutent souvent qu’elles n’ont jamais parlé à personne des hommes qui les harcelaient, les tripotaient ou faisaient de l’exhibitionnisme, par peur d’être elles-mêmes blâmées. Le sentiment de honte et de culpabilité semble commun aux filles et aux femmes, quelque soit leur âge et est en relation avec toutes sortes d’expériences, des jeux de mots obscènes, au tripotage, aux menaces et aux viols effectifs.
Beaucoup de femmes expriment un sentiment de soulagement à l’idée qu’il leur est, en quelque sorte, “permis” à présent de raconter à quelqu’un, leurs expériences liées au sexisme. Elles se rendent compte à présent, pourquoi elle ne doivent pas avoir honte du mal fait, non par elles, mais à elles. Il en résulte aussi, que plus de femmes rapportent qu’elles se sentent capables de s’exprimer aussi bien dans les médias sociaux, que sur leur lieu de travail ou avec leurs amis et leur famille.
Ces changements commencent à se refléter dans l’ordre du jour des médias. Dans un pays où on clame avoir des droits égaux, les gens n’ont pas réellement pris au sérieux les plaintes des femmes lorsqu’il s’agissait du sexisme. C’est à peine si des débats publics à ce sujet, ou des thèmes à semblance féministe existaient, car ceux qui osaient s’exprimer étaient généralement tournés en ridicule et même parfois menacés.
Everyday Sexism Project semble changer cette façon de voir et rendre la possibilité de s’exprimer sur ce sujet, en quelque sorte, plus légitime. De plus en plus de médias intègrent ces sujets régulièrement. La TV et la radio nationales ont invité les fondateurs de Everyday Sexism Project danois pour discuter du projet quand le ESPD a récemment reçu un prix féministe prestigieux. L’angle général des médias a évolué, d’un grand scepticisme à une curiosité et un intérêt véritables, depuis que le projet a été lancé. Le prix à la branche danoise d’ Everyday Sexism Project est du, en partie, à cette évolution. La UNE a changé grâce au travail de ESPD, à sa visibilité dans les médias et dans divers forums en ligne.
L’ ESPD est dirigée par Danish Women’s Society (Dansk Kvindesamfund) en collaboration avec la journaliste et bloggeuse Irène Manteufel, sur la base du volontariat et ne reçoit aucun fond. Récemment, les quatre fondatrices du groupe ont ajouté une nouvelle équipe de volontaires, membres du groupe Facebook ESPD, à l’équipe qui modère les discussions. Avec plus de 900 membres et de 15 à 30 actualisations chaque jour, Le groupe discute à plein temps et souvent certains débats ont besoin d’être modérés. En fait le groupe est si occupé et sa communauté, tellement de plus en plus active, qu’il a créé plusieurs sous groupes dont l’un est entièrement dédié aux activités du débat public dans les médias , sur Facebook ou d’autres médias sociaux. Les membres du groupe collaborent aussi par l’envoi de plaintes aux autorités, aux compagnies et aux organisations qui mènent des activités sexistes.
Bien que le climat du débat et l’agenda général aient changé depuis le lancement du Projet, le sujet du sexisme au Danemark reste l’objet d’une grande résistance. Un certain nombre de débatteurs expriment clairement leur opposition à l’existence d’ ESPD, aussi l’équipe pense qu’il est nécessaire de faire attention à qui peut intégrer, joindre ou surveiller le contenu de ce groupe très fermé.
Comme il est crucial que le groupe ESPD Facebook reste un lieu sûr, où partager des expériences et des problèmes souvent très personnels et intimes, chaque membre est passé au crible par l’équipe administrative et une fiche d’inscription est demandée et évaluée avant que permission ne soit donnée. il faut aussi que les nouveaux membres acceptent la série de règles du groupe afin d’assurer le meilleur environnement possible online.
Actuellement, l’ESPD a pour but de pousser plus loin la diffusion du projet et plus encore l’agenda afin de parvenir à plus de gens avertis, plus de débats publics et même plus de changements culturels, nécessaires pour stopper le sexisme au Danemark, selon ses fondateurs
Par Irène Manteufel Everyday Sexism Project in Denmark.