Depuis début octobre, quand le New York Times et le New Yorker ont partagé les histoires de décennies de violence envers les femmes du producteur hollywoodien Harvey Weinstein, le hashtag #Me-TOO (moi aussi) a explosé sur les médias sociaux du monde entier, comme moyen pour les femmes de partager leurs histoires.
A l’origine, cette expression a été forgée par l’activiste sociale Tarana Burke en 2006, lors d’une campagne de terrain pour promouvoir “l’autonomisation des femmes par l’empathie”, auprès des femmes de couleur ayant subit des violences sexuelles, notamment dans les communautés défavorisées. L’ expression fut alors reprise par l’actrice Alyssa Milano qui a encouragé les femmes à tweeter ce qu’elles ont pu subir et ainsi montrer combien cette attitude misogyne est ancrée et, non seulement à Hollywood: si toutes les femmes qui ont été harcelées sexuellement ou agressées prenaient pour statut: “Me-Too”, on pourrait donner une idée de l’ampleur du problème.
Le hashtag s’est embrasé comme la poudre dans au moins 85 pays, avec des variations dans l’expression, comme par exemple” Balance Ton Porc” en France. Il semble même que le pays où la révolution Me-TOO a pris le plus, est la Suède, ce qui pourrait surprendre, la Suède étant considérée, au plan mondial, comme une des sociétés, et peut-être même la société qui pratique le mieux l’égalité des sexes. D’autres part, c’est peut-être parce que le féminisme est solide en Suède, que tant de femmes ont réussi à vaincre le silence, des actrices aux femmes de lois, des doctoresses aux ingénieures et à celles qui travaillent dans les médias, pour n’en mentionner que quelques-unes. Le gouvernement suédois a déclaré haut et fort qu’il est un gouvernement féministe et par définition se doit d’écouter et c’est ce qu’il va faire. Plusieurs hommes politiques ont dû démissionner ou faire une pause à la suite du débat, et la même chose s’est produite pour certaines personnalités de la télévision publique.
Le projet de recherche ” étude de la valeur mondiale” montre que la Suède et les pays nordiques portent haut les valeurs comme l’égalité des sexes. Plus haut encore que dans beaucoup des 61 autres pays, où environ 350 000 interviews ont été conduites. Ceci, par exemple, signifie qu’une majorité de la population pense que femmes et hommes devraient avoir les mêmes opportunités et les mêmes droits en ce qui concerne l’éducation et le travail et les mêmes opportunités à devenir leader politique. Il est certain que la tradition d’un mouvement populaire fort et le grand nombre de syndicalistes contribuent aussi à renforcer ce mouvement en Suède, d’autant plus que le pays est connecté et que les média sociaux sont avertis.
D’abord les histoires, à présent l’action.
À ce jour des millions de femmes du monde entier ont partagé leurs poignantes histoires de mauvais traitements et de harcèlement. À présent le temps est venu d’avancer et de se mettre au travail. Les entreprises et les organisations, les écoles et les institutions profitent de l’occasion pour arranger des séminaires, des formations, des séances de coaching afin que les employés voient et aient le sentiment qu’on s’occupe de ce problème avec sérieux et que leurs histoire n’ont pas été racontées en vain, mais qu’elles apporteront un vrai changement et des améliorations. L’industrie de la publicité et celle des médias en Suède, ont inclus #Finalbrief ( mission finale) dans leur appel qui énonce les défis auxquels doivent s’attaquer leurs chefs d’entreprises pour résoudre une partie du problème. Pour contrebalancer la peur de retours en arrière, des communiqués sont lancés par des organisations et des corporations et même par des individuels, tels Bjorn Ulvaeus, un ex du groupe ABBA, qui a écrit une chronique dans l’un des plus importants quotidiens suédois: “Il est excitant de se trouver à un croisement de l’histoire. Nous voici observateurs de notre conduite, mais d’une façon positive, presque enthousiaste. Seules des opportunité s’ouvrent devant nous à présent. Il n’y a rien là d’inquiétant”.
Christina Knight – 8 décembre 2017