TCHAD: Violences faites aux filles

Les Violences faites aux filles au Tchad sont nombreuses mais celles relatives aux filles rurales venues du sud du Tchad, précisément de la Région du Mandoul retiennent notre attention.

De nombreux jeunes de cette localité quittent leurs milieux à la recherche du bien être dans la capitale. Cette catégorie de travailleurs appelée “travailleurs au noir” ou encore “travailleurs de la rue 40” (Quartier des gens nantis) est composée de jeunes filles et garçons âgés entre 12 et 25 ans qui se battent quotidiennement entre nécessité et survie et des atteintes à leurs droits fondamentaux.

Les filles rurales domestiques rencontrent beaucoup de problèmes parmi lesquels ceux liés à la santé de reproduction. Non scolarisées ou déscolarisées pour la plupart, elles sont exposées à tous les maux possibles. Elles sont victimes de viol dans leurs milieux de travail qui peuvent conduire à des cas de grossesses non désirées et souvent non reconnues.

Logées dans des locaux très exigus, peu adaptés, elles vivent souvent en surnombre dans une même chambre. Cette situation de brassage amène ces jeunes à des relations sexuelles non protégées souvent aux conséquences néfastes, telles que les grossesses non désirées, précoces et des contaminations de maladies sexuellement transmissibles (MST).

Les employées domestiques rejoignent leurs lieux de travail à pied et gagnent un salaire dérisoire, variant entre 12.000 et 20.000 FCFA (soit trois fois moins que le SMIG). Entre la cuisine, la lessive et la vaisselle de leurs employeurs, elles travaillent 6 jours sur 7, du matin au soir ou dorment 6 jours sur 7 chez leurs employeurs.

Certaines travaillent parfois plusieurs mois sans être payées, elles peuvent être chassées de leurs emplois sans droits sociaux parce qu’elles ont été recrutées de manière informelle et  sans déclaration. C’est vraiment l’exploitation de l’homme par l’homme.

Le cas qui choque le plus, c’est celui des filles employées domestiques qui tombent en grossesse par les fils des  patrons, les patrons ou les proches des patrons et qui sont chassées par la suite de leurs emplois. Qui sera le père de cet enfant qui viendra au monde?

Ces filles-mères ne pouvant pas retourner immédiatement aux villages trouvent refuge auprès des autres dans des conditions très difficiles en bénéficiant de leur solidarité.

Cette situation conduit parfois au suicide  ou aux avortements clandestins cause de leur stérilité.

Ne pouvant pas retourner au village  dans cet état, ces filles-mères continuent à travailler en en se partageant entre les travaux domestiques et celui de mère.

Malgré les interpellations de la part des associations, des syndicats et les campagnes de sensibilisation pour la ratification de la Convention 189, et par quelques journaux de la place, la situation perdure et empire.

Les filles quittent les villages avec l’espoir d’aspirer à des conditions de vie meilleures et de repartir chez elles avec des biens, mais hélas c’est le cas contraire qui se produit pour beaucoup d’entre elles.

La problématique est la suivante, comment mettre fin au dilemme de l’emploi domestique des filles rurales venues des provinces et précisément du sud du Tchad.

C’est vraiment un problème de violation de droit qui  interpelle tout le monde, surtout le cas des enfants nés dans ces conditions dont les pères n’ont pas reconnu la filiation.

Dans notre cas d’espèce, la question principale se pose à deux niveaux:

– Comment aider les filles rurales domestiques victimes de ces situations à s’en sortir?

– Comment arriver à fixer les filles rurales dans leurs milieux au lieu d’aller s’exposer en ville à N’Djaména?

L’Association des Femmes Juristes du Tchad (AFJT) qui a pour vocation la protection des femmes et des filles et qui est engagée dans beaucoup de programmes de sensibilisation sur les violences contre les femmes, voudrait se pencher sur cette question. C’est pour cette raison qu’elle aimerait que l’Alliance Internationale des Femmes intègre ce sujet dans son programme et l’aide à réaliser le projet qu’elle pourrait présenter dans ce sens.

 

Cette fiche retrace brièvement à peu près la situation que traverse cette catégorie de personnes. Le sujet sera débattu de manière plus approfondie au moment opportun.

 

Par Rakia KABA DIAKITE

COMMENTS

Une réponse

  1. Je loue et j’apprécie a sa juste valeur cette noble pensée sur cet aspect de violences aux filles rurales perçu par AFJT. Je voudrais fortement suggéré a AFJT de baser ses contacts avec les couches rurales et parler plus, sensibiliser plus les autorités, parents, et familles victimes qu’en ville a ndjam. Puisque la source du phénomène jaillit du monde rural, et la ville n’djamena n’est que la destination ou point d’arrivée du problème. je suis de coeur avec l’AFJT et les encourage à mener davantage ce dur combat contre cet esclavagisme moderne.

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