Les représentantes des ONG françaises ont bénéficié, il faut le dire, d’un privilège tout particulier, celui d’être prises en charge pas la mission française, et ce n’est pas peu dire car cela nous a permis d’être réunies au ministère des affaires étrangères en France, pour une session de travail un mois avant le départ pour la CSW. Ceci nous a permis de faire connaître nos principales revendications, nos événements parallèles et de donner nos déclarations à l’ équipe ministérielle partant pour New York. À New York, Nous avons évité les longues queues qui permettent de recevoir les badges qui nous ont été remis directement à la mission lors d’un petit déjeuner de travail avec Mme Pascale Boistard, Secrétaire d’Etat chargée des Droits des Femmes, qui se trouvait de plus, en sa qualité de représentante de la France, Présidente du Conseil de Sécurité de l’ONU en ce mois de mars 2015, ce qui lui a valu de parler immédiatement après le discours d’ouverture de du Secrétaire Général de l’ONU, Mr Ban Ki Moon.. Cette situation privilégiée nous a permis d’assister aux moments les plus importants de la session, où la France à encore cette année fait entendre sa voix par des déclarations fortes sur le droit des femmes, même si les déclarations finales sont bien plus faibles (consensus oblige)
Elle nous a rappelé « qu’en 1995, les représentants des Etats et des gouvernements se sont accordés sur la nécessité d’améliorer la situation des femmes. L’objectif était clair, que les femmes puissent être dans les faits ce qu’elles auraient toujours dû être : les égales des hommes. Vingt ans ont passé depuis la déclaration de Pékin. Les progrès féministes sont importants, de nombreux droits ont été reconnus dans de nombreux pays. Mais beaucoup reste à faire. Le bilan établi au niveau national, régional et international est sans appel. Pas une région, pas un pays, n’a atteint l’objectif d’égalité entre les femmes et les hommes, ni dans les faits, ni dans le droit… Les douze piliers mis en avant il y a vingt ans restent d’actualité .Ils doivent être fortement réaffirmés dans le contexte de crise et de précarité économique que nous connaissons, mais aussi face à la montée des forces obscurantistes, propices à la remise en question des droits des femmes. Les femmes qui sont frappées de plein fouet par les privations de libertés, les violences, telles que l’utilisation du viol comme arme de guerre, doivent pouvoir bénéficier de l’universalité des droits humains. Il faut « défendre nos acquis tout en nous mobilisant pour de nouveaux progrès » Elle a ajouté qu’ « il faut inscrire l’égalité des sexes à l’agenda post-2015 au sein des objectifs du développement durable….. , réaliser la pleine application des droits dans les faits et mesurer le chemin parcouru d’ici à 2020 et 2030 avec des indicateurs efficaces ».
La France qui veut voir les femmes maitresses de leur sexualité, y compris en matière de procréation désire que soit « légalement et universellement reconnu le droit à l’avortement dans des conditions sécurisées. Elle poursuivra avec force son action en faveur de l’égalité femmes-hommes dans les instances internationales ».
Mme Boistard a aussi participé à des évènements parallèles:
Éducation à la sexualité intégrée (avec IPPF et le Ministère des Affaires Etrangères) Une éducation à la sexualité pour tous, dans le cadre scolaire, qui veut s’appuyer sur des standards en Europe prenant en compte tous les aspects: la prévention, mais aussi tout ce qui permettra de former des personnes responsables, capables de choisir et d’aller vers l’égalité réelle
Inégalités de genre et vulnérabilité au changement climatique : Comment lutter contre une double injustice: panel ou avec Madame Boistard ont participé notamment SE Mary Robinson, Envoyée spéciale des Nations Unies pour les changements climatiques, pour qui nous devons soutenir le Post 2015 et faire inscrire l’égalité Hommes/Femmes dans le Changement Climatique qui est comme l’a dit Lakshmi Puri, Directrice Exécutive Adjointe d’ONU Femmes, » gender blind » (aveugle en ce qui concerne l’égalité hommes/femmes)
Les femmes et l’économie: en présence de Madame Michael Jean Secrétaire Générale de la francophonie: « La pauvreté a un visage et c’est souvent celui d’une femme », dont les droits sont bafoués dans certains endroits.
La force de La francophonie est sa démarche: Dialogue, recherche d’un consensus État -gouvernement, faire entendre son plaidoyer, apporter sa contribution sur les grands enjeux, et sa philosophie: Placer la personne humaine au centre. Faire progresser les droits civiques économiques culturels et sociaux, agir pour l’autonomisation économique des femmes afin qu’elles puissent avoir un travail décent et des ressources. Les ambassadeurs francophones constituant un relais.
Il faut aussi que le statut du français soit revu dans le cadre de l’organisation des Nations unies. La déclaration universelle a été écrite en français, pourquoi alors le français n’est-il pas plus présent ?
Nous devons ajouter que la Francophonie a prolongé son action en nous invitant à l’avant première du magnifique documentaire « l’homme qui répare les femmes, la colère d’Hippocrate » en présence de Madame Michaëlle Jean, à Paris le 31 mars. Ce film présente le travail du Docteur Denis Mukwege, en République Démocratique du Congo, où il rend aux femmes » leur intégrité physique et leur dignité », à la suite des viols « comme armes de guerre », qu’elles ont endurés.
Femmes combattant l’extrémisme: organisé par la CEDEF (CEDAW)
Pour Mme Ameline, ex ministre de la condition des femmes en France et ex Présidente du comité CEDEF, le moment est venu de s’opposer à l’instrumentalisation des religions où l’idéologie l’emporte sur la théologie et l’extrémisme radical sur la raison. « La voix des femmes est cruciale. Nous affirmons la compatibilité de la religion et de la Convention pour l’Elimination de toutes les formes de Discriminations Envers les Femmes (CEDEF), pour aboutir à une égalité entre hommes et femmes. Aucune forme de relativisme culturel n’est acceptable. L’égalité est un facteur de transformation positive des sociétés ».
Pour Me Ameline, il faut renforcer la Convention CEDEF dans Le Monde. « La violence s’appelle torture lorsque c’est un homme qui la subit. Quand c’est une femme, on l’appelle culture ». La réponse des responsables des communautés religieuses doit protéger les femmes des extrémismes, et le rôle du comité CEDEF est central. Il doit demander le respect pour les conventions que les états ont signées, y compris dans les zones de conflits. Les femmes doivent non seulement être considérées comme victimes mais aussi comme aides pour la reconstruction de leur pays. La lutte contre la violence est un rempart contre l’intégrisme.
La discussion a aussi porté sur l’EI et Boko Haram et Monique alors s’est présentée comme Monique Bouaziz Vice-présidente de l’AFEM au sein de l’Alliance Internationale des Femmes, venant à la CSW depuis 1994 et à la création de la commission contre les extrémismes religieux de la CLEF (Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes): « Cela fait 20 ans que je viens ici, a-telle dit, J’étais à Pékin en 1995. 20 ans de lutte où nous avons fait des déclarations sur les extrémismes religieux, nous venons d’ailleurs de faire une compilation de nos déclarations de ces 20 ans de lutte à la CSW. Si on nous avait écouté avant, on n’en serait peut-être pas là. Alors oui il faut que toutes les femmes se lèvent et crient toutes ensemble « . Elle a été fort applaudie.
Nous avons aussi assisté aux événements proposés par l’AIF :
Femmes de pouvoir ou les leçons tirées des femmes qui ont été Présidentes ou Premier Ministre de par le Monde, évènement avec la Présidente de l’AIF, Joanna Manganara, comme modérateur et en image de fond le livre de Torild Skard.
Des actes – Pas des mots: Mettre en oeuvre la CEDEF et la résolution 1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU: » la synergie de ces deux textes offre de belles possibilités de surveillance et de mise en question des responsables. Nous avons là un cadre légal qui, en combinant ces deux textes devient un excellent outil »
Pourquoi le Futur de l’Economie doit être Féministe présenté par l’AIWC: Un accès universel à l’économie est absolument vital et c’est ce que nous devons promouvoir, pour cela, il nous faut aussi promouvoir la paix au niveau local et international, afin que les femmes puissent avoir accès à la terre, aux ressources, à l’égalité de salaires et de prise de décisions.
Ainsi qu’à:
Un évènement de la mission israélienne: Education – The power behind Empowering women (Education – l’énergie, base de l’autonomie des femmes) avec présentation d’un film très émouvant sur la vie difficile d’une marocaine mariée très jeune suivi d’une discussion
Un atelier par la Fondation des Femmes de l’Euro Méditerranée et le Lobby Européen des Femmes : Pour l’universalisation de la convention d’Istanbul et la mise en place d’un mécanisme de suivi.
Une table ronde sur la Charia qui affirme que « la charia est flexible » et demande « la volonté politique de relire l’islam d’un oeil plus tolérant » qui ajoute que l’islamisme est « l’idéologie pour le pouvoir » et que « beaucoup de femmes ne voient pas d’autre choix que de réconcilier l’islam et les Droits humains ». Nous avons appris lors de ce forum que l’Egypte, à New York a levé ses réserves sur l’article 9 en ce qui concerne la nationalité des femmes et des enfants.
Une pièce de théâtre : Neda wants to die (Neda veut mourir) qui parle de la violence sexuelle, dans le contexte du développement et des conflits. Texte écrit et joué par des employés de la banque mondiale.
Ceci n’est qu’un très petit exemple de la variété et du nombre des évènements programmés lors de cette 59ème CSW où étaient présents 8500 délégués des associations mondiales.