Notre ministre a formidablement porté la voix de la France et de ses ONG, lors des différents événements qui ont lieu à la CSW à New York. Tout d’abord ,lors de la plénière, elle a réaffirmé que l’égalité hommes/femmes est un prérequis au progrès. Que, si les avortements sont interdits, de toute façon ils ont lieu, donc qu’il est nécessaire d’assurer aux jeunes femmes des avortements sécurisés. Le droit à l’avortement est une réalité, a-t-elle ajouté, notamment en cas de viol ou d’inceste. Mais, même en temps de paix les jeunes femmes doivent avoir accès à un avortement légal.
Lors du dialogue interactif entre ministres et société civile de la CSW – une nouveauté cette année -,dont le but est de créer des alliances pour une mise en œuvre sensible au genre de l’agenda 2030 pour le développement, Mme Rossignol a salué ce nouvel événement car, a-t-elle dit, la France intègre les associations dans sa délégation puisqu’elles participent pleinement à la mise en œuvre. Elle a souligné qu’elles insufflent une force toute particulière et organisent toutes sortes d’évènements . Le Président de la Commission a émis le souhait que les autres états suivent cet exemple.
La ministre a aussi participé à l’évènement – co-sponsorisé par la France – sur les réfugiés et les personnes déplacées victimes des groupes terroristes. Événement qu’elle a salué parce qu’il place l’exploitation sexuelle dans la lutte contre la violence envers les femmes. Il faut se mobiliser pour faire partager que la prostitution est une violence faite aux femmes – (il est à noter qu’en ce moment la France est en train de faire passer une loi pour la pénalisation de la demande). On est incapable d’identifier le parcours d’une femme prostituée, il est donc impossible de savoir si son “choix ” est volontaire.
“L’achat du corps d’une femme est une hypocrisie. Nous combattons cette hypocrisie, car si on tolère que les femmes et les jeunes filles enlevées par Boko Haram soient traitées ainsi, cela signifie que nous tolérons la traite et la violence comme instruments de guerre. C’est la même chose pour les soldats au Sud Soudan pour lesquels un permis de viol a été accordé en plus de la solde.”
Nous avons aussi assisté à l’atelier proposé à la mission permanente de l’OIF (francophonie) par la CLEF (coordination française pour le lobby européen des femmes) sur le respect des droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles et de leur intégrité physique, condition de leur autonomisation dans le cadre du développement durable
Cet atelier a été l’occasion de lancer un appel au respect du droit fondamental à disposer de son corps, car selon Madame Bousquet, Sénatrice Française, la condition première de l’autonomie des femmes est l’autonomie des droits reproductifs, la maîtrise de son corps et de sa fécondité droits humains fondamentaux sans lesquels on ne peut exercer pleinement ses droits. Le refus de donner ce droit, vide de son sens la notion d’aller vers l’égalité hommes/ femmes. Coutumes et religions sont brandis pour refuser leurs droits aux femmes qu’on maintient dans l’enfermement domestique ou en servantes-objets.
En France on a arraché Ces droits de longue lutte et il a fallu une modification récente de la loi pour faire de l’IVG une loi comme les autres. L’éducation à la sexualité bloque toujours: définir avec qui et comment est difficile à faire passer. Les jeunes générations pensent que tout est réglé. Elles ont tord. car les sociétés conservatrices commencent d’abord par supprimer les droits des femmes.
Il est à noter que les jeunes filles sont les grandes oubliées. Elles ne relèvent d’aucun programme, ni de celui des enfants, ni de celui des adultes. Elles n’ont accès ni à la contraception ni a la santé, et peuvent se retrouver à la rue.
L’objectif 5 des OMD n’est pas atteint car bien des femmes n’ont pas les moyens d’accéder à la contraception et la mortalité est très forte, on peut ajouter aussi l’ampleur des mutilations génitales. Les droits sexuels et reproductifs et le droit à l’avortement sont les droits premiers et c’est ce qui doit sortir de cette Convention du Statut de la femme, Quitte à faire voler en éclats l’unité européenne a-t-elle ajouté en conclusion.
Pour Madame Ameline, ex-présidente de la commission CEDEF et toujours membre de la commission, le Lobby européen qui véhicule cet appel nous fait nous rendre compte que la société civile joue un immense rôle: rappeler à chaque État ses obligations.
La CEDEF as su rappeler que les mutilations sont un crime mais pour ce qui est du reste on n’a pas avancé. L’absence de droits reproductifs est une atteinte au droit à la santé, mais c’est aussi une atteinte à l’état car le développement des naissances peut être aussi un problème. D’autre part il n’y a pas d’effectivité des Droits s’il n’y a pas d’éducation à la sexualité
Il faut réaffirmer nos droits devant les conservatismes. Être libérée de son corps c’est être libre de son destin.
Guylaine Toutain de la fondation Jean-Jaurès, partenaire de cet atelier, a soulevé la situation en Europe où la Pologne par exemple veut revenir sur l’avortement
L’Europe parlait d’une seule voix, mais la position se fissure . Il y a progrès sur les droits sexuels et reproductifs mais dès qu’il faut le mettre dans les textes on utilise la subsidiarité. On donne des conseils mais on n’applique pas.
Le lobby va s’intéresser à l’éducation à la sexualité et demander que ça avance dans les pays.
Pour Joanna Manganara: On ne peut avoir de développement durable, car les femmes ne peuvent devenir membres économiques à part entière que si elles peuvent décider de la maîtrise de leur corps.
Parmi d’autres évènements auxquels nous avons assisté, nous pouvons encore citer celui de Regards de Femmes sur la déclaration des naissances – comment atteindre au développement durable si un enfant sur trois dans Le Monde n’a pas d’État civil
Un atelier pour préparer la conférence Habitat III qui aura lieu à Quito en octobre où on désire voir incluses l’égalité de genre et l’autonomie des femmes.
Un appel, pour qu’on se souvienne des filles de Chibok enlevées il y a deux ans par Boko Haram et dont on n’entend plus parler
Bien sûr les membres de l’AIF se sont retrouvées, notamment au dîner si aimablement offert par Soon Young et nous avons eu une discussion sur les thèmes importants
SI les conclusions concertées de la Commission ne sont pas encore à la hauteur de nos attentes, elles ont tout de même ajouté un langage nouveau: celui des droits sexuels et reproductifs, et de l’avortement sécurisé, même si c’est avec des restrictions. La société civile, qui commence à être reconnue, peut s’en emparer.
Monique Bouaziz, Danielle Levy