Habitat III est la Conférence des Nations Unies sur l’Habitat et le Développement Urbain Durable qui doit avoir lieu à Quito, en Equateur du 17 au 20 octobre 2016.
COMMENTAIRES GENERAUX
La plus grande partie du document d’orientation mentionne l’égalité de genre, la participation des femmes et l’autonomisation comme un thème général. Cependant il est nécessaire de faire une analyse un peu plus approfondie.
Ainsi:
1) Nulle partie des documents ne mentionne l’envahissante culture de violence contre les femmes et les filles, et pourtant, aborder ce problème social clé est essentiel pour assurer l’autonomie des femmes et leur participation. Dans bien des villes la menace d’une violence de genre restreint la mobilité et les libertés politiques des femmes et des filles. Les femmes et jeunes filles sont menacées de violence chez elles, dans le cyber espace, dans les transports et les lieux publics et risquent le harcèlement sexuel au travail.
2) Tout du long, le document suppose de façon inexacte que les villes sont aussi sûres pour les hommes que pour les femmes. En fait, la criminalité urbaine, les menaces terroristes et la guerre affectent les femmes et les jeunes filles de façon disproportionnée. De plus, nulle part il n’est fait mention des besoins spéciaux des femmes et des filles qui sont victimes de la traite, sont réfugiées, migrantes, ou subissent la violence sexuelle dans les situations de conflits et de post- conflits.
3) les femmes et les jeunes filles sont face à bien des formes de discriminations transversales. Aucun document ne mentionne les femmes indigènes, les femmes et les filles handicapées, ni les groupes LGBT. La grande diversité ethnique, religieuse, d’âge, économique, légale, politique et de statut social des femmes et des filles devrait se retrouver dans les données et la recherche afin de suivre l’impact des politiques sur ces groupes.
4) Il est de notoriété publique que les villes forment des systèmes écologiques ouverts. Toutefois, les articles portent en grande partie leur attention sur l’importance d’une coordination avec les politiques nationales. Très peu d’entre eux reconnaissent que les villes sont affectées par des politiques globales et par des tendances financières et économiques qui ont un impact important sur le développement local. Le cadre écologique urbain devrait analyser cette inter-connectivité et faire des recommandations au niveau global.
LES RECOMMENDATIONS:
1) La Plateforme d’Action de Beijing et la Convention sur l’ Elimination de toutes les formes de Discriminations Envers les Femmes (CEDEF) proposent des politiques complètes ainsi qu’une aide judiciaire on ce qui concerne le Nouvel Agenda Urbain. Ces accords onusiens devraient être mis en évidence dans tous les documents d’orientation, car ils couvrent tous les problèmes des femmes ci-dessus mentionnés et tracent les grandes lignes des recommandations pour bien des parties.
2) Pour la réussite des objectifs 2030 du développement durable, la plate-forme de Beijing et la CEDEF doivent être mises en œuvre dans les villes et Les communautés où l’innovation et la mesure sont, et plus faciles, et plus rapides qu’au niveau national. Comme suivi d’ Habitat III et du forum politique de haut niveau de 2016, les commissions régionales et économiques de l’ONU devraient expérimenter de nouvelles solutions grâce à des projets pilotes, comme par exemple dans la région d’Amérique latine ECLAC. Choisir des cités typiques d’une région subrégionale pour conduire des projets pilotes qui assurent que les droits humains des femmes sont pleinement intégrés dans les 17 objectifs de développement durable. Ceci aiderait à la mise en œuvre du Nouvel Agenda Urbain dans toute la région.
LES DOCUMENTS SPECIFIQUES:
1)Le droit à la ville et Villes pour tous – Le droit aux villes – signifiant que “les territoires des villes et de leur arrière-pays sont considérés comme des espaces où peut s’exercer le plein exercice des droits…..” devrait être un principe fondamental et une ligne éthique directrice pour le Nouvel Agenda Urbain. Alors que cet article présente ce concept et fait la promotion de l’autonomie des femmes, il est souvent confus et manque de cohérence. Des exemples plus concrets et la réorganisation de l’argument apporteraient de l’aide.
2) Cadre urbain socioculturel– Tout comme l’article#1, le thème d’un cadre urbain socio-culturel est extrêmement important, car il soulève des questions telles que la diversité culturelle et le rôle important de la société civile. Pourtant, il serait nécessaire de repenser le document et de rendre plus concrètes les recommandations.
3) Politique urbaine nationale – Voilà un excellent aperçu de la façon dont les politiques nationales peuvent aider les villes et les collectivités. Il couvre un très grand nombre de thèmes, tels que les réformes de la réglementation, la reconnaissance de l’informalité dans les droits fonciers, la collecte des données. Il définit aussi clairement les concepts, présente des preuves pertinentes et prend en compte les politiques nationales aussi bien que le locales.
4) Capacité de gouvernance urbaine et développement institutionnel – L’article se démarque comme relativement aveugle au genre. Il n’apporte que bien peu d’aide à la compréhension de la gouvernance et serait fort amélioré par l’inclusion d’exemples plus spécifiques.
5) Finances municipales et systèmes fiscaux locaux – pour les lecteurs moins familiers avec le financement municipal cet article procure une introduction claire. Il offre des recommandations concrètes telles que la nécessité de renforcer la capacité des employés de la ville pour gérer les finances et fait la promotion d’une participation citoyenne aux décisions budgétaires.
6) Stratégies de l’espace urbain – Cet article présente l’un des cadres politiques et stratégiques les mieux pensés. Il note que le thème de l’ aménagement du territoire englobe bien plus que ce qui semble apparaître sur le papier car y est inclus le rôle de l’espace public, celui de la terre et des relations, ville-campagne. Il insiste sur l’importance de la réponse aux problèmes sociaux et politiques sous-jacents, souvent inclus dans l’aménagement du territoire. Le document propose de remplacer la “dichotomie” urbain-rural, par le “continuum” urbain- rural afin de mieux comprendre les dynamiques d’accroissement de population et la situation des moyennes et petites villes. C’est aussi l’un des rares articles à mentionner les défis du travail avec le secteur privé et qui note la nécessité de plus de plates-formes pour des partenariats publics-privés.
7) Stratégie de développement économique urbain – Le développement économique est extraordinairement important, Mais ce document n’est que déception pour le lecteur car il présente une discussion générale avec très peu de spécifications stratégiques.
8) Ecologie urbaine et résilience. Cet article fait valoir qu’un cadre écologique urbain doit remplacer le paradigme conventionnel qui considère les installations d’humains en un lieu comme des unités isolées. L’approche écologie urbaine inclut des éléments biotiques et physiques et reconnaît l’interaction entre les systèmes naturels et les systèmes sociaux et culturels. Par exemple pour construire une cité résiliente, les décideurs politiques doivent avoir une vue holistique de la façon dont le développement social et la participation citoyenne peuvent contribuer à un accroissement économique durable.
9) Services urbains et technologies– la planification de services urbains grâce à l’utilisation de technologies avancées est une approche prometteuse au problème de la vieillesse. Toutefois cet article n’apporte guère d’enseignements sur la façon d’y parvenir.
10) Politique du logement – Cette expression suggère la passion politique, et une mauvaise gestion peut conduire à des troubles sociaux graves. Or rien n’est dit sur les politiques nécessaires à la réussite d’une politique du logement durable, équitable et inclusive. Certainement que des exemples de bonnes pratiques renforceraient la portée de cet article.
Soon Young Yoon – 1er Février 2016