L’année dernière au palais des Nations à Genève, j’ai pu voir une exposition de photos de femmes indigènes. Elles semblaient se porter à merveille, être heureuses et avoir beaucoup d’amis, aussi ai-je été choquée par les chiffres présentés hier (20 septembre) lors du panel de discussion sur la Violence Envers les Femmes et jeunes filles Indigènes (vefi), y compris celles avec handicap. Le but de ce panel était d’estimer le développement des réponses légales et politiques, à la violence envers les femmes indigènes selon l’article 22 de la déclaration des Nations Unies sur le Droit des Peuples Autochtones, et d’identifier les bonnes pratiques et les défis pour répondre aux formes structurelles des vefi.
Adam Abdelmoula, Directeur du Conseil des Droits de l’Homme et de la Division du Mécanisme des Traités, du Bureau du Haut commissariat aux Droits de l’Homme a ouvert la discussion. Le représentant a dit qu’il existait beaucoup des preuves que les femmes et les jeunes filles indigènes courent des risques disproportionnés de violence physique, émotionnelle et sexuelle, des risques de mariage alors qu’elles sont encore des enfants, de subir la traite des blanches ou la stérilisation forcée ou d’être données pour épouses contre de l’argent dans certains coins du monde. Elles souffrent de discrimination, à la fois dans et en dehors de leur communauté par suite de leur position inégale dans la société. La vefi ne peut-être dissociée d’autres violations plus graves encore des droits des autochtones, y compris le droit à leur terre et à leurs ressources, autre cause de violence.
Une des clefs pour réduire la vefi, c’est l’accès à la justice., mais tout est fait pour l’empêcher bien que parfois elle réussisse, comme dans le cas Sepur Zarco au Guatemala qui a montré qu’on pouvait réussir à obtenir justice dans des cas extrêmes de violations de droits humains des femmes: Pour la première fois dans l’histoire du Guatemala la violence sexuelle commise lors du conflit militaire des années 1980 a permis la poursuite en justice et la condamnation de deux ex-militaires, à 360 années de prison pour le meurtre, le viol et l’esclavage sexuel de femmes indigènes. Pourtant peu de femmes autochtones passent la barrière de la justice parce qu’elles ne connaissent pas leurs droits, ni les services ni les protections auxquelles elles peuvent prétendre, soit car ces services n’existent pas, soit par pure discrimination ou encore par manque de confiance dans le système judiciaire. Il n’est pas étonnant qu’elle n’aient pas confiance dans ce système car elles sont souvent traitées comme si c’était elles les coupables et qu’on ne les croit pas lorsqu’elles viennent se plaindre.
Peu de données existent, mais celles que nous possédons sont alarmantes. En Australie 2% de la population féminine est identifiée comme aborigène, or les femmes indigènes représentent un tiers de la population féminine en prison. Des panelistes ont surenchéri: La présidente du Parlement Sami de Norvège, Me Aili Keskitalo a dit que 48 % des femmes Sami avait expérimenté une violence contre 29 % des gens en général.
La question du vefi ne peut être résolue à part. Les raisons de cette violence viennent du manque d’équilibre entre les sexes, et du pouvoir ou du manque de pouvoir des peuples autochtones. La perte de langage, de culture, de ressources et de territoire qui a souvent accompagné la colonisation et les politiques d’assimilation ont pesé très fort sur les mécanismes personnels des peuples autochtones pour résoudre les conflits, et ont rendu les femmes autochtones et les enfants vulnérables.
Pour autonomiser les autochtones, il faudrait que les Etats Membres mettent en oeuvre la déclaration des Nations Unies. Les états doivent aussi apporter une assistance immédiate aux femmes autochtones, aux enfants et aux personnes avec handicap, par une protection sensible à la culture et à la santé et fournir une assistance à la loi, dans leur langue, aux victimes de toutes sortes de vefi. Le Conseil des Droits de l’homme devrait mettre ce problème au premier plan de son ordre du jour.
L’éducation en général, et pour tous celle sur la violence, l’éducation de la police, des avocats et des juges aux droits des femmes autochtones seraient nécessaires pour en finir avec la vefi, voilà ce qu’a été le message des Femmes des Universités Internationales que soutient l’AIF. En cela elles font écho à Olga Montufar Contreras du Mexique qui plaide pour les gens avec handicap. Il faut lire les Conventions de Droits de l’Homme de façon systématique, pour tout ce qui concerne les femmes et les filles à handicap. Ces femmes et ces jeunes filles souffrent de bien des formes de discrimination. On a appris à bon nombre d’entre elles à être reconnaissantes de la faveur qu’on leur manifeste en faisant attention à elles. Questionnées sur leurs espérances, lors d’une étude, leurs espoirs étaient minces. Lors d’une formation sur leurs Droits Humains, à propos de choses déjà vues, elles n’ont considéré ni la violence verbale, ni le rejet, ni la coercition comme des violences envers elles. Si les femmes ne connaissent pas leurs droits, il est impossible qu’elles puissent les défendre.
Hannah McGlade, Office of the High Commissioner for Human Rights Senior Indegenious Fellow (du Bureau pour les Séniors Indigènes, du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme), signale que les femmes et Les filles aborigènes d’Australie font face a des niveaux de violences inacceptables. Les mères aborigènes ont 17,5 fois plus de risques de mourir par homicide que les mères non aborigènes et ont aussi plus de risques de suicides en relation avec la violence et les abus sexuels de leur partenaire. Le manque de réponse du système judiciaire est une question majeure pour les femmes autochtones. Heureusement l’Australie s’est engagée à combattre la violence envers les femmes, y compris envers les femmes indigènes à travers un plan d’action national.
L’Australie doit assurer l’égalité devant la loi et développer encore sa stratégie et sa politique d’accès à la justice. Elle doit assurer la possibilité, pleine et entière pour les femmes indigènes, d’être parties prenantes dans l’administration de la justice et elle doit développer des programmes de droits humains pour les fonctionnaires chargés d’appliquer la loi et la justice.
Victoria Tauli-Corpuz, Rapporteure Spéciale aux Droits des Peuples Autochtones a souligné que la déclaration sur les droits des peuples autochtones s’applique aussi bien aux hommes qu’aux femmes.
L’article 22 dit que les états doivent prendre des mesures en conjonction avec les peuples autochtones, afin d’assurer que les femmes et les enfants autochtones puissent jouir d’une protection et d’une garantie pleine et entière contre toute forme de violence et de discrimination. On se trouve à la limite entre l’auto détermination des communautés indigènes et la responsabilité de l’État à protéger de la violence ses citoyennes, femmes et jeunes filles, dans les communautés autochtones. Les états devraient aussi Renforcer les capacités des dirigeantes afin qu’elles plaident pour les droits des femmes et des filles.
Au cours de la discussion les états, avec ou sans peuples indigènes, sont intervenus. L’Équateur, avec ses 14 nationalités autochtones différentes et ses 18 ethnicités a souligné qu’il avait pris des mesures pour favoriser la participation dans la formulation et la vie politiques, y compris par une action positive sur l’emploi des femmes indigènes avec handicap dans le secteur public ; Guatemalamajoritya a mis en place des mesures de prévention contre la violence sexuelle et à créé un bureau de médiation pour les femmes indigènes DEMI qui désirent traiter de la violence envers les femmes comme d’ une question communautaire plutôt que comme d’ une question individuelle. Les Fidji ont un problème singulier: pays à majorité indigène ils ont eu du mal à expliquer qu’entre les peuples indigènes, il y a une très grande propagation de la violence. Le Conseil de l’Europe nous a rappelé que sa convention d’Istanbul faisait preuve d’innovation dans sa demande aux états de criminaliser toute forme de violence envers les femmes, y compris la violence physique, sexuelle et psychologique ainsi que le harcèlement, le harcèlement sexuel, les mutilations génitales, les mariages forcés, l’avortement et la stérilisation forcée. On a insisté aussi sur le fait que la Convention est ouverte aussi aux états non européens.
Ce panel a été une contribution opportune aux droits des femmes et des filles indigènes y compris celles avec handicap. Ma conclusion est que l’accès à la justice, la formation des agents de la force publique et des éducateurs ainsi que la participation des femmes autochtones à la vie politique, est de la plus haute importance. Pour s’en souvenir, tout pays à population(s) autochtone(s) devrait, notamment avec les femmes, créer et mettre en pratique un PLAN D’ACTION NATIONAL.
Les panélistes ont fait la preuve des capacités des femmes indigènes.
Lyda Verstegen